CHEIKH
AHMADOU BAMBA
KHÂDIMU-R-RASÛL
SERVITEUR DU PROPHETE
1272H.
(1855) - 1346H. (1927)
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Aperçu sur sa vie et son oeuvre
Aperçu
sur le personnage
En introduisant
la plupart de ses ouvrages sur les Sciences Religieuses, lAuteur,
en loccurrence CHEIKH AHMADOU BAMBA sannonce en
ces termes : "Ahmad, l'indigent spirituel, fils de Ahmad
" ou "Ahmad, descendant de Habîballah de la
famille Mbacké
" ou encore "Mouhammad,
Fils de son maître spirituel Mouhammad
"
De son
vrai nom Mouhamad ben Mouhamad ben Habîballâh
, CHEIKH AHMADOU BAMBA nous parvint par la grâce de
DIEU au mois de Muharram en lan 1272 H. soit lan
1855, à Mbacké, une localité située
dans le Baol du Sénégal des royaumes.
Fondé
par son grand-père, le village porte le nom de la famille
Mbacké dont la piété très connue
leur valut une influence religieuse particulière, un
respect et une vénération pour la FACE de DIEU.
Hommes
de haute culture et dune orthodoxie stricte dans lassimilation
des valeurs culturelles islamiques, ils firent du village
de Mbacké un centre académique et une capitale
spirituelle.
Le père
du CHEIKH , Mouhammad MBACKE, appelé Momar Anta Saly,
était un éminent jurisconsulte, un dévot
qui enseignait le CORAN et les sciences religieuses ; sa mère
, Mariama Bousso, grâce à sa piété,
sa vertu et son scrupule, eut le privilège de répondre
au nom de "jâratu-l-lâh" (voisine de
DIEU) au milieu des siens.
Ses parents
ont très tôt découvert en lui une perfection
innée qui sest traduite par des attitudes et
habitudes de piété, de bonne conduite morale,
de dévotion, de solitude, de méditation et un
comportement exécrant l'amusement, l'indécence
et le péché.
Partout
où Il passa durant son cursus, après avoir parfaitement
assimilé le CORAN, que ce soit pour l'acquisition des
sciences religieuses ou instrumentales comme la grammaire,
la prosodie, la rhétorique, etc., on lui reconnut unanimement
une Perfection Spirituelle qui ne pouvait que résulter
d une lumière provenant de DIEU.
Jusquà
lan 1300 H. (1882) , Il assurait lenseignement
auprès de son père et sa carrure intellectuelle
lui avait permis, dans le cadre des fonctions que celui-ci
lui confiait, d écrire dans certains domaines
des Sciences Religieuses et Instrumentales pour les rendre
plus accessibles.
Il composa
à cet effet le " Jawharu-n-Nafîs "
(le Joyau Précieux) qui est une versification du traité
de jurisprudence de Al Akhdari , le " Mawâhibul
Quddûs " (les Dons du TRES-SAINT) qui est une reprise
versifiée de louvrage de théologie de
l Imâm As-Sanusi intitulé "Ummul Barâhin"
(la Source des Preuves), le "Jadhbatu-ç-çighâr"
(L'Attirance des Adolescents) qui est un ouvrage traitant
particulièrement des articles de la foi, le "
Mulayyinu- ç-cudûr "(LAdoucissement
des curs ) qui reprend en versification le " Bidâyal
Hidâya " (le Commencement de la Bonne Direction
) de lImâm Al Ghazâlî ; le Cheikh
reprendra par la suite ce poème sous le titre de "Munawwiru-ç-cudûr"
(lIllumination des curs). Cest un ouvrage
qui traite du perfectionnement Spirituel.
Plus tard,
Il composera bien dautres ouvrages dans les domaines
de la Jurisprudence, de la Théologie, du Soufisme,
de la Bonne éducation et dans dautres branches
comme la grammaire .
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La
vie du CHEIKH à partir de 1301H. (1883)
Lan
1301 H. (1883), qui est le point de fracture le plus important
de son Hagiographie, apportera, nous le verrons plus loin,
de grandes mutations dans son itinéraire spirituel
et du même coup, dans sa personnalité intellectuelle
; en gros, des changements qui ont reconverti entièrement
sa plume au service du Prophète (Paix et Salut sur
Lui), dans des thèmes tels que :
- la
glorification de la venue du Prophète au monde ;
- lexaltation
de lUnicité de DIEU, dans le service du Meilleur
des envoyés ;
- le
Combat Spirituel du Prophète ;
- la
plus grande victoire de la foi sur linfidélité
sous son égide (à Bedr) ;
- la
victoire de la soumission, en loccurrence lIslam,
sur lidolâtrie, en un mot, la Réhabilitation
de lIslam.
Des panégyriques
du Prophète qui embrassent ces thèmes essentiels
et dont les genres et le génie littéraires reflètent
les dons exceptionnels de l auteur parmi eux :
LES PREMICES
DES ELOGES (Muqaddamâtul Amdâh), LAcrostiche
du Verset "QUICONQUE OBEIT AU MESSAGER OBEIT (par làmême)
A DIEU" (s.4 v.80), LES DONS DU PROFITABLE (Mawâhibu-n-Nâfic
) , "MIMIYA" une rime anonyme en "mîm",
LATTIRANCE DES CURS (Jadhbul Qulûb).
Le rappel
de son père à DIEU, survenu une nuit de mardi
du mois de muharram de l'an 1300 H. (1882) à Mbacké
du Cayor, non seulement venait lui ôter la tutelle de
celui à qui il obéissait religieusement, mais
allait révéler sa vraie physionomie mystique
et spirituelle. Le stade de dévotion à DIEU
quil atteignit, malgré les hostilités
que lui manifestaient les gens de son époque, démontre
sans équivoque son appartenance au cercle "des
hommes de DIEU". Il nétait lesclave
ni des futilités du bas-monde, ni de lautorité
coloniale dominatrice, ni de celle des chefs païens de
la vieille aristocratie locale.
Cette
attitude dun Homme esseulé, dénonçant
larbitraire et la corruption doù qu'ils
vinssent et ne reconnaissant que la seule Autorité
du MAITRE des mondes, allait marquer sa vie. Cest ainsi
qu'en réponse aux dignitaires qui, à la suite
de loraison funèbre de son père, lui suggérèrent
d'accepter doccuper la fonction de conseiller du roi,
il déclina cette offre du bénéfice de
lobligeance des sultans et écrivit :
- "Penche
vers les portes des sultans m'ont-ils dit afin
d'obtenir des dons qui te suffiraient pour toujours".
- "DIEU
me suffit ai-je répondu et je me contente
de LUI, et rien ne me satisfait si ce n'est la Religion
et la Science".
- "Je
ne crains que mon ROI et ne porte mes espoirs qu'en LUI,
car IL me protège et m'enrichit"
- "Comment
disposerais-je d'ailleurs ma destinée entre les mains
de ceux-là qui sont incapables de régler leur
sort ?"
Cétait
là un double défi lancé à la fois
aux sultans à qui le Cheikh rappelait leur servitude
vis-à-vis de Leur SEIGNEUR ALLAH et à lélite
de lorthodoxie musulmane dont Il dénonçait
la complaisance. Quant aux grands maîtres de gnose de
son époque, animés du dessein de léprouver,
ils ne tardèrent pas à découvrir leurs
lacunes, sans toutefois arriver à sonder les profondeurs
de sa spiritualité .
Ses confrontations
avec ladministration coloniale représentaient
cependant lun des aspects les plus importants de son
Hagiographie. Au début du 19 ème siècle,
les exigences de l industrialisation (recherche de matières
premières et de marchés) et la volonté
impérialiste de lEurope, ayant abouti à
la colonisation ont dicté à la France une Politique
de conquête territoriale à partir des anciens
comptoirs commerciaux. Cette politique expansionniste rencontra
au Sénégal de farouches résistances,
tant du côté des chefs musulmans que de celui
des thiédos (guerriers de l'aristocratie).
Mais en
1891, la conquête territoriale fut achevée dans
un constat d'échec retentissant de toute la résistance
armée au Sénégal . C'est alors que la
France entreprit dassimiler la colonie du Sénégal
aux valeurs culturelles occidentales et, pour y réussir,
elle proposa sa religion et la suppression pure et simple
ou, à défaut, la corruption du culte exclusif
rendu à DIEU.
Elle mena
alors un combat sans précédent, allant de léloignement
(internement) au bannissement et à la déportation
des guides spirituels, pour démobiliser les fidèles
.
Son (le
Cheikh) aspiration profonde à DIEU et son amour ardent
envers lElu de DIEU furent tels que DIEU lui révéla
DIEU, selon son expression, et devant la splendeur de Sa GRANDEUR,
Il entreprit dêtre fidèle au Pacte primordial
de soumission à [DIEU] ; alors, DIEU lui indiqua le
Prophète (Paix et Salut sur Lui) qui est le guide de
la voie de la soumission.
Lorsqu'en
1301 H. (1883) lElu lui parvint, il conclut avec lui
le Pacte dAllégeance, pour la FACE de DIEU, et
ce dernier lui ordonna dengager ses disciples dans cette
voie. Le Mouridisme était né. Ce fut à
Mbacké Cayor.
Ainsi
le culte exclusif qu'il professait devenait public, car il
commença à linculquer à ses disciples;
cest pourquoi il devint lennemi numéro
un du pouvoir colonial.
Non seulement
les foules affluaient vers lui, mais il fonda la Ville de
TOUBA pour mieux servir avec elles la cause de DIEU.
Dans son
ardeur spirituelle, il voulut accéder au rang des compagnons,
serviteurs du Prophète, qui ont combattu à Bedr.
Ce "degré
suprême" [CORAN S.9 V.20] dont parle le CORAN à
lendroit des compagnons, est obtenu par le sacrifice
du sang versé en vue délever la voix de
DIEU.
Et labrogation
de la prescription du sang versé, à cause du
Pacte dAllégeance, devait mener le Cheikh dans
la voie du combat spirituel qui est celle du sacrifice de
lâme et des biens pour la cause de DIEU, dans
le respect du sang des autres .
En 1312
H. (1895), dans sa retraite spirituelle (Ictikâf), le
Prophète lui signifia que le sang versé était
abrogé et le prix qui fait accéder à
ce rang est une somme dépreuves trop lourdes
à la charge exclusive du postulant. Le pacte fut conclu
et le Décret DIVIN le mit en confrontation avec ses
ennemis contemporains pendant plus de trente deux ans durant
lesquels il brava les exils, les brimades, les persécutions
et les bannissements, pour se raffermir dans la profession
de lUnicité de DIEU, ne reconnaissant quun
Seul Maître, DIEU et DIEU exclusivement. Il en sortit
auréolé de succès. Et de ce combat, il
impétra le rang de SERVITEUR PRIVILEGIE du PROPHETE.
Autant
le pouvoir infidèle voulut, à travers lexil
au Gabon, en Mauritanie, les persécutions, les résidences
surveillées à Thiéyène et à
Diourbel, corrompre la foi musulmane, autant le Cheikh, dans
son mystère inviolable et son indépendance dans
le culte rendu à DIEU, a réhabilité lIslam
dans sa forme la plus authentique.
Partout
dans le pays, le Cheikh a revigoré la foi musulmane,
redonné aux populations, sans la contrepartie de leur
sang, de leur dignité et de leur personnalité.
Il a de surcroît introduit le plus naturellement dans
les murs, la soumission exclusive à DIEU et non
à une quelconque autre autorité. Ainsi, la Communauté
musulmane retrouvait son âme .
A partir
donc de lannée 1313 H. (1895), létape
du combat contre linfidélité fut marquée
par une production inestimable de panégyriques envers
lElu le plus pur (Al Muçtafâ), le Choisi
le Meilleur (Al Mukthâr), des écrits daction
de grâce envers DIEU et son Prophète(Paix et
Salut sur Lui), de Sagesses, dHagiographie, dOraisons
initiatiques, incantatoires et mystiques.
En 1346
H. (1927), DIEU exauça ses vux en le favorisant
dun séjour terrestre équivalent au nombre
de versets de la sourate "les Groupes" (sûratu-z-Zumar)
dont lissue [le soixante douzième verset] est
la récompense dune vie entière dévouée
à DIEU :
"Ceux
qui auront craint leur SEIGNEUR seront conduits par groupes
vers le Paradis. Lorsqu'ils seront en vue des portes, celles-ci
s'ouvriront toutes grandes, les préposés leur
diront : "Que la Paix vous suive ! vous avez été
si vertueux , si purs. Entrez en cette Demeure pour un séjour
éternel". Les voix des bienheureux s élèveront
en chur : "LOUANGE A DIEU !".
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